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22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 17:28

Dans le contexte électoral des élections territoriales, voilà encore qu’il se parle de circulation alternée. Ce n’est pas la première fois que c’est juste avant ou après un scrutin qu’est brandi la règlementation consistant en limiter le trafic en n’autorisant que les propriétaires de plaque paire ou impaire selon le quantième du mois à circuler, où le politique prend le dessus sur le législatif, là en matière de lutte antipollution. Mais la question se pose : pourquoi alors que le danger sanitaire est présent, et que les seuils de pic de pollution  sont largement atteints, l’action de l’état ou des politiques locales est empêchée de protéger la population ?

 

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Cette question, de par le haut niveau de technicité attachée au réseau de contrôle de la qualité de l’air, et ce n’est pas un hasard, est difficile à trancher : opacité, complexité, modélisation, pluridisciplinarité, multiples compétences nécessaires… autant d’obstacles pour analyser la situation réelle : c’est en fait une omerta qui agit devant les yeux de tous.

 

Au bout de quinze ans d’observation du sujet, la réponse est claire : quand le pouvoir en place a besoin de soutien pour racoler les électeurs qui voteraient écologiste, ce pouvoir passe outre l’attitude habituelle de déni des préfectures pour agir quand le taux de pollution prévu dans la législation est dépassé. Cette attitude s’explique par le recul politique via les préfets pour des considérations économiques ou sociales plus profondes qu’apparentes. La réglementation existe pourtant, chapeautée par l’Union Européenne : s’ajoutent aux systèmes de filtration antipollution des sources bien décumentées, déjà la circulation alternée, arrêt ou réduction d’activité des usines les plus polluantes, changement de combustibles de meilleure qualité pour les centrales de chauffage urbain et les raffineries, gratuité de certains transports, certains parkings… un surcout économique certain pour les opérateurs qui ne sont pas franchement à bourse déliée par temps de crise. Mais là le risque électoral est trop important. Il faut se montrer « salutaire » et « efficace ».

 

Pourtant, tout le monde le sait : le pic de pollution particulaire vient outre des combustions industrielles et des chaufferies, des motorisations « diesel ». Une mesure de circulation alternée n’aura que peu d’effet, ne changeant pas ce ratio ni la prédominance des sources industrielles surtout l’hiver. Or le parc automobile diesel, du fait d’une politique d’encouragement fiscal représente au moins 60% du parc. Autant dire qu’il est difficile aujourd’hui pour l’état de se priver des revenus de cette fiscalité néanmoins généreuse et de l’économie associée, avec chantage à l’emploi ou aux parts de PNB.

 

La médiatisation du sujet, qui n’existe jamais autrement que lors des « pics », autrement c’est l’omniprésence du « réchauffement climatique » qui oriente l’action gouvernementale sur des bases contestées (voir les autres articles sur ce blog), cherche à discriminer les rares particuliers qui possèdent un foyer de cheminée ou les lointains agriculteurs des bassins agricoles alors que les émetteurs sont là devant nos nez et capteurs. Chaque année, les enfants soufrent de bronchiolites ; les personnes sensibles sont touchées par des allergies, portées par la taille pénétrante de ces nouvelles motorisations ; en dépit de catalyses aux métaux lourds ou filtres vite saturés qui s’imposent. Les décès dénombrés par les enquêtes médicales internationales aux échelles confondantes n’y font rien. Les réseaux de capteurs ont-ils disposés de manière à identifier les vraies sources ?

 

A entendre les médias de concert, mal débriefés, la qualité de l’air est altérée par les U.V. dus à l’ensoleillement de ces anticyclones hivernaux ou les cocktails de polluants venant de la Beauce ou de la vallée du Rhône… Mieux vaut alors la grisaille et le béton. Vivement le vent du nord, que la bise fusse venue pour égayer nos tartuffes de la gestion de la qualité de l’air. Aucun mot sur le diesel que l’OMS a enfin, après des décennies de réticence inexpliquée, classifié « concérogène certain » en 2010.

 

A Londres, par exemple, le maire, tendance écolo, avait décidé de mettre en place une zone à péage autour du centre ville. L’idée n’a pas fait long feu à Lyon lors des « élections municipales précédentes. Il est vrai que dans le melting « pot » londonien, tout le monde ne roule pas en Rolls Royce. Par contre en France, les constructeurs sont de loin plus présents dans le panel des modèles circulants. Mais qui d’autre s’occupent de la gestion de la pollution atmosphérique que ceux qui ont acquis la compétence écrasante depuis qu’ils furent concernés déjà par leur personnel pour leur propre prévention ? Les municipalités sont elles-mêmes partenaires des sociétés de chauffage urbain, qui sont émettrices de particules et autres polluants. Leurs présidents souvent des élus aux conseils municipaux. Pas de quoi être porté à se déclarer coresponsable, à défaut d’éco-responsable.

 

La solution prodiguée : la circulation alternée, a été choisie depuis les années 1980 par le gouvernement de Mexico, une des plus grandes agglomérations du monde avec de l’ordre de 25 millions d’habitants, suite à une hécatombe d’oiseaux dans un parc urbain. Un organisme puissant de gestion a été mis en place, difficile à influencer. Comparons. La mesure a fait jaser immédiatement car injuste socialement : au Mexique, tout le monde n’a pas de véhicule, pays seulement émergeant, les gens qui le pouvaient, achetaient deux véhicules par ménage, un avec plaque paires, l’autre impaire. Aujourd’hui la réglementation « Hoy No Circula » prévoit que même en période normale (c'est-à-dire sans pic réglementaire de pollution), les véhicules ne circulent pas un jour de la semaine par roulement (plaque finissant par 1-2 ou 3-4 ou 5-6 ou 7-8 ou 9-0), le roulement tournant dans l’année et au delà. Ce n’est que pendant les périodes de pic que la circulation alternée stricte est obligatoire. Selon le pic, une règlementation pour le week-end est prévue aussi. Qu’attendons-nous en Europe ?

 

Mais l’analyse des courbes de pollution le long des années montre qu’à Mexico les mesures les plus efficaces furent de supprimer les décharges urbaines qui intoxiquait et la décision d’arrêter la raffinerie, qui empestait le Valle de Mexico (vaste cuvette où s’accumulent les polluants); mesure impossible à discuter en France ou même ailleurs en Europe (Italie, Espagne, UK) malgré les nuisances. Là pas de manif. Qui finance les écolos ? Par nécessité d’un parc de taxi important à Mexico, les fumeuses coccinelles, ont mis quant à elles un certains temps à être proscrites pour des modèles plus modernes. De plus au Mexique, on ne vend que rarement des véhicules diesel, seuls les véhicules nécessitant puissance. Le paradoxe est que ce pays est parmi les premiers constructeurs automobiles, avec les normes sociales plus favorables aux entreprises qu’en Communauté Européenne, certains constructeurs y étudient la possibilité de fabriquer des véhicules diesel pour l’exportation ! Le modèle français d’encouragement du diesel est à revoir, un serpent de Lock Ness insaisissable.

 

Mais à Mexico, ce qui ressort pour les habitants sont les tracasseries administratives liées au contrôles techniques, fréquents. En Europe, il y a déjà le pudding aux amendes au stationnement. Centré sur la question du contrôle pollution, drastique, le macaron incontournable et infalsifiable à apposer sur les pare-brises avant et arrière des véhicules occasionne une corruption importante et bien normalisée pour obtenir le droit de circuler. Une police spéciale très vigilante sévie. Là aussi, l’injustice sociale est de la partie : tout le monde n’est pas en mesure de graisser la patte ou de s’acheter un véhicule récent. C’est en fait le modèle envisagé en Europe, aggravé par le fait que les véhicules sont dopés, dans leur prix, par des systèmes antipollution, pas forcément performants sur le moyen terme, mais relayant aux oubliettes par la norme européenne la vente des modèles non concurrentiels des constructeurs vieille école.

 

La météo a bon dos ; heureusement qu’on ne brûle plus en place publique comme du temps de Giordano Bruno. La prévision météo, présentée comme facteur de pollution est bien prévue, trop peut-être car n’observe-t-on pas des pics de pollution certains jours fériés, certains week-end, ponts, vacances alors que la pluie arrive ? Les odeurs de plateformes industrielles sont même devenues des indicateurs de prévision pluviométrique pour les autochtones. Et les préfectures autorisent des émissions « exceptionnelles » dérogatoires en nombre considérables, qui pourtant n’interfèrent pas dans le mode de prise en compte statistique par quantile des seuils autorisés. Dans ce contexte, il est plus facile de comprendre pourquoi actuellement, malgré l’atteinte de seuil « en concentration particulaire », le seuil d’intervention réglementaire, a fortiori politique, n’est pas encore atteint… sauf en cas d’élection imminente.

 

 

 

Les médias sont astreints à transférer les dossiers de presse « pic de pollution » qu’on leur dégièrent… par les compétents dans la place qui contrôlent le « système de gestion de la qualité de l’air » et ont pris position depuis des décennies, écrasant de leur compétence techniques et économiques, la démocratie… comme c’est souvent le cas en matière industrielle : la pharmaceutique, la gestion des eaux (à défaut par délégation municipale), le nucléaire, les énergies renouvelables, les filières des constructeurs, les armements, les avionneurs, la grande distribution… Y-a-il des journalistes indépendants de ces groupes de pression omniprésents dans les organes de presse ?

 

Un autre système de prévention doit être mis en place, avec déclanchement et évaluation basés sur des indicateurs sanitaires, avec des modalités de diffusion plus efficace. La comparaison avec Mexico pourrait encore être développée, mais ce sera pour une autre fois.

 

En attendant, cette annonce de circulation alternée, juste au moment de ce scrutin des territoriales, illustre encore une fois la vraie gouvernance sanitaire qui s’occupe peu de notre santé.

 

 

Nicolas Sègerie

(contact: labo-giordano-bruno@orange.fr)

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  • : Laboratoire Pluridisciplinaire Giordano Bruno (édition de Nicolas Sègerie)
  • : Un laboratoire scientifique indépendant dont les axes de recherches concernent:les polémiques du "réchauffement climatique";Les climatosceptiques;la théorie des Anticyclones Mobiles Polaires;les risques liés à la pollution atmosphériques; d'autres risques géophysiques et anthropiques...
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  • Cette structure de recherche et de documentation scientifique est de forme associative.
Sa vocation est la compréhension et la diffusion de thèmes de recherches qui ne peuvent se développer dans les contextes défavorables sous influences de lobbys.
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